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AoTsuki
24 juillet 2010

Chapitre 3 : Cohabitation

010


Chapitre 3 : Première cohabitation.

 

D’une vie qui m’avait habitué à dormir dans les arbres, courir dans la forêt et me dorer au soleil, je passe à une autre totalement opposée. Mon tuteur m’a amené dans une grotte cachée derrière une cascade où l’obscurité règne, seuls des globes bleus vous donnent de quoi deviner les formes qui vous entourent.

D’ailleurs je n’ai pas le temps de m’arrêter sur le décor que le démon (nda : j’appelle ainsi l’homme aux ailes noires, bien que ça n’en soit pas un) me montre un étage inférieur dont je n’aurai jamais cru l’existence.

 

- Choisis une chambre.

- De quoi ?

- Un coin qui ne sera qu’à toi.

 

C’est dur de choisir un truc quand tu ne vois même pas ce que c’est. Je me laisse donc guider par mes autres sens qui fonctionnent encore. J’entends une coulée d’eau mince pas très loin. Entre temps on s’était bien éloigné de la cascade et le bruit m’intéressa d’autant plus. Je m’approche de son origine et je devine un renfoncement dans lequel se trouve une petite chute d’eau sur la paroi du fond, qui arrivée au sol, serpente sur environ un mètre avant de plonger dans un trou formant un petit réservoir au diamètre d’une main.

Je souris face à cette vision, je pense que si je dois choisir une chambre, ce sera là. Je me retourne vers mon aîné et lui en fait part.

 

- Je pense qu’ici ce sera bien.

- Parfait, tu vas y rester quelques temps, première leçon.

 

Je le vois fermer les yeux, puis je sens une énergie qui vient vers moi et qui s’arrête au niveau du chambranle. Je me dirige alors vers celui–ci pour sortir mais un champ m’en empêche. Je regarde mon colocataire et il me répète.

 

- Première leçon.

 

Il s’en va et éteint les lumières, je me retrouve dans le noir total. Qu’entend – t – il par « première leçon » ? J’ai du mal à me repérer, je ne peux rien faire d’autre que de retourner vers le bruit. A tâtons je m’installe près du filet d’eau et me laisse bercer par son murmure. Le temps passe, je ne sais pas exactement à quelle allure.

 

Parfois, je dors, et puis à d’autres moments, je me concentre sur l’eau qui se trouve à mes côtés. Je suis tout de même censée pouvoir la contrôler après tout.

Dans ce monde où la magie règne, chaque personne ailée peut contrôler un élément en symbiose totale. Ce lien est découvert lors d’une initiation qui peut être provoquée ou naturelle. Les gens de mon village natal ont une prédisposition pour le vent et l’eau parce que nous sommes des guérisseurs. Mon grand frère par exemple contrôle la glace, qui est en fait la combinaison de l’eau et du vent.

 

Je suis là donc, à fixer ou plutôt deviner, le mouvement du liquide Je ne me suis même pas rendue compte que j’arrive presque à le voir, mes yeux s’habituent au peu de lumière. Je m’ennuie ferme tout de même, je n’ai rien pour jouer et les essais que je fais avec l’eau se révèlent infructueux.

 

 

Vous vous demandez pourquoi je ne parle pas de ma faim ? Et bien ici on se nourri de Ki, de l’énergie ambiante. De temps en temps on mange des fruits, mais c’est surtout pour le plaisir du goût.

 

Arrive enfin le moment où je sens la barrière d’énergie disparaître. Je suis sceptique, est–ce qu’il l’a vraiment enlevé ? Ou me joue–t–il un tour ? Je me lève tout de même et sors dans le couloir. Je découvre des pierres lisses et noires qui composent tout ce qui m’entoure, je devine celles qui peuvent s’éclairer, je parcours la courte distance qui me permet de remonter au premier étage. Une fois arrivée en haut, une lumière bleue m’aveugle, elle est trop forte pour mes yeux. C’est vrai que maintenant je n’ai plus l’habitude.

 

- Tu arrives à voir dans le noir, c’est parfait. Comme ça je n’aurai plus à te porter lorsque tu devras sortir d’ici.

 

Ces mots viennent de mon tuteur, il est assis dans un canapé, devant une vitre qui nous laisse voir un aquarium géant. Il se lève et s’avance vers moi.

 

- Comment t’appelles–tu ?

- Fire Enze M … – je me souviens alors de l’ordre de mon frère, je ravale le dernier mot et reprend – Fire Enze tout court.

- Hum. Et bien Fire Enze tout court, moi c’est Ceclia.

 

Je sais enfin son nom. C’est pas trop tôt ! On peut dire qu’il sait ménager le suspens celui–là. Il lève un sourcil, attendant de moi une réaction sans doute, puis me lance.

 

- Seconde chose que tu dois apprendre rapidement : cacher tes pensées.

 

Je rougis rapidement. J’ai totalement oublié ça ! A force de vivre seule je ne sais même plus faire les protections d’esprit primaires.

 

- Désolée.

- Ca ne sert à rien de t’excuser. Apprends de tes erreurs, ça m’arrangera.

 

Mon dieu que ce type est froid ! Il avance vers une table que je viens de remarquer, j’en profite pour regarder autour de moi.

A part le canapé et l’aquarium, on trouve beaucoup d’étagères, remplies de documents et de livres, la table avec quelques chaises pour s’asseoir entre deux entassements de reliures. Je distingue un couloir où sont posées des armes de toutes sortes, ainsi que des armures.

 

- Qu’attends–tu ? Viens ici.

- Ou … oui.

 

J’avance rapidement et m’installe sur une chaise. Il pose un pavé devant moi. Ce machin doit faire plus de 5000 pages c’est obligé !

 

- Que sais–tu ?

- Pardon ?

- Que t’a–t–on appris ?

- Et bien j’ai appris à parler, et à lire nawel (nda : rien à voir avec une quelconque langue existante, enfin si vous en trouvez une qui s’appelle comme ça prévenez moi). Je sais voler, mais pas très longtemps et sinon, je suis super bonne à l’escalade et à la course.

- Que des trucs qui servent à rien. Et puis plus personne n’utilise le nawel maintenant, c’est juste bon pour les sermons des temples. Où t’as appris ça ?

- Dans un temple !

- Je vois.

 

Il n’a vraiment pas l’air enthousiaste. C’est pas ma faute ! Je suis très fière de savoir ce que je sais, peu de personnes peuvent lire du nawel, même les meilleurs éléments avaient du mal.

Ceclia ouvre le manuscrit qui est devant moi et je regarde effarée, tous les gribouillages qui sont devant mes yeux.

 

- Je veux que tu saches lire tout ce qu’il y a là–dedans.

 

Le pire, c’est qu’il y a au moins un cinquantaine de langages dans ce livre. Je les appris avec moult difficultés. C’est vraiment affreux ! Je préfère encore quand il m’avait laissé toute seule dans ma chambre : au moins, il n’était pas là pour me reprendre toutes les secondes parce que ma prononciation n’allait pas.

 

- Chaque souffle est important quand tu veux bien te faire comprendre.

- Mais on a la télépathie, alors à quoi ça sert d’apprendre tout ça ?

- Parce qu’il y a des personnes qui ne peuvent utiliser leur esprit pour parler.

 

C’est pas vrai, ça existe des gens comme ça ? Je ne suis pas au bout de mes surprises avec ce prof.

 

Une fois ma première langue maîtrisée, à l’oral et à l’écrit, je peux enfin sortir de cette grotte. J’en suis très heureuse et surtout impatiente, car je peux aller voir Grand–père et lui raconter ce qui m’est arrivé.

Ceclia me montre la sortie, je sors mes ailes et le suis. Personnellement, je pense qu’il est fou d’avoir élu domicile ici, car je vois pendant tout le chemin se suivre des stalagmites et des stalactites pointues, c’est un vrai labyrinthe de couloir en tous genres.

 

Une fois arrivée dehors, j’ai beaucoup de mal à m’accommoder au soleil, mais je profite tout de même de son énergie, je me gorge de ses rayons et respire l’air frais à pleins poumons. Que c’est bon de me retrouver chez moi. Je jouis pleinement de mon retour sur l’herbe pour pouvoir courir comme je l’entends.

 

- On se retrouve là où tu veux, je reviens.

- D’accord.

 

Je lui souris de toutes mes dents et détale vers ma forêt. J’ai hâte de revoir mes amis ! J’arrive enfin à la lisière et saute sur la première branche qui est à ma portée, je grimpe le long du tronc et rencontre un écureuil, je lui saute dessus et lui fait un gros câlin. Il râle un peu, beaucoup même, et me rappelle que j’ai disparu sans laisser de trace depuis 1 mois. J’ouvre grand les yeux. Tant que ça ?

 

Je le relâche et bondis au sol. Je m’enfonce entre les arbres en direction de Grand–père. Arrivée à son pied j’escalade rapidement son tronc et arrive dans la petite cabane qu’il m’a construite avec ses branches. Il est très heureux de me voir et me confirme ce que l’écureuil m’a dit. Un mois que je suis partie, presque 2 d’ailleurs. Si cette durée me fait si peur, c’est parce que par ici le temps défile lentement.

 

Je n’ai que 12 ans, mais si on compare avec le système de la Terre, j’approche les 900 ans (nda : oui ça fait beaucoup, mais bon ils ont peut–être de l’elfique en eux lol). Si vous calculez rapidement, 1 mois chez moi correspond à 8 ans pour vous.

 

Je suis sidérée, le temps a défilé sans que je m’en rende compte, enfermée dans cette grotte. Je veux rattraper ces instants perdus et commence à discuter avec mon arbre préféré, seulement mon tuteur arrive.

 

- Il faut dire au revoir, on a encore du boulot à faire.

- Je pensais que c’était fini.

- Vraiment ? Il te reste beaucoup à apprendre pour me dire ça.

 

Je ne sais pas pourquoi, mais je suis son ordre. Je saute de Grand père, après lui avoir dit au revoir et suis Ceclia. On se retrouve devant mon lac, il me conduit assez loin le long de la rive et j’aperçois une couverture étendue dans l’herbe.

 

- Après ton esprit, on va faire travailler ton corps.

- Ah, je suis bonne pour ça.

- C’est ce qu’on va voir.

 

Il commence par me montrer des mouvements à faire pour réveiller mes muscles, ça fait un petit moment que je ne les ai pas entraînés. Une fois qu’il me juge assez prête, il entreprend de m’enseigner l’art du combat. Pour ma part, je me sens juste très, très fatiguée.

Débute alors une vraie torture morale et physique. Ce gars–là n’est jamais content ! Si pour une raison quelconque tu as tort, il te le fait savoir à grand cri, au sens propre du terme.

 

- Regardes ton coude, il n’est pas assez haut !

- …– je hoche de la tête.

- Plies plus ton poing ! Frappes avec le plat !

 

Pour le moment, c’est à main nue, parce qu’il n’est pas encore temps que je touche à une arme, dixit le prof. Et il continue à me reprendre encore et encore. Je n’entends plus trop ce qu’il raconte, il me parle de mon buste, de ma tête, de ma hanche, de mon orteil. Quelle importance la position d’un orteil peut–elle avoir quand tu frappes quelqu’un avec ton épaule ? Je me le demande.

 

Pas assez tôt pour moi, il m’annonce :

 

- Ca suffira pour aujourd’hui, rentres à la grotte dès que tu veux.

- Merci.

 

Je m’écroule par terre, lessivée. Je reprends un peu mon souffle et décide d’aller faire trempette dans le lac. Je me glisse dedans et me laisse aller. Je somnole, les yeux fermés. Des poissons viennent me frôler le dos, je n’ai même pas la force de me concentrer pour les écouter.

Je reste ainsi quelques instants, mais je sens que quelqu’un me tire vers lui, j’ouvre les yeux et vois Ceclia. Rassurée, je referme les yeux, il me prend dans ses bras et je m’assoupis un peu plus.

Je sens de l’air sur mon visage, on doit être en train de voler. J’entends une cascade, le picotement du soleil disparaît, l’air devient plus humide, on doit être entré dans la caverne. Je me sens partir encore plus loin et m’endors avant de savoir que mon tuteur m’a couché dans ma chambre. Et je n’ai pas non plus profité de son sourire lorsqu’il s’est éclipsé.

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